HTA France – OMS 2025
En France 37% des adultes ont une HTA.
Hypertendus diagnostiqués 10,5 millions
Hypertendus traités 8,3 millions
Hypertendus traités et contrôlés : 4,7 millions
Les pourcentages des diagnostiquées/traitées/contrôlées est plus important chez les femmes que chez les hommes.
OMS 2025
Comportements en faveur de la prévention cardio-vasculaire:
Consommation de sel (moyenne par jour en 2021) :
Hommes (9g/jour) – Femmes (7g/jour)
Inactivité physique (population des 18 ans et plus)
Hommes (20%) – Femmes (26%)
Une méta-analyse* de 54 essais thérapeutiques rapporte que l’exercice physique aérobic permet une faible réduction de la pression artérielle (SYS de -3,9 mmHg (2,72 à 4,97) et DIA de -2, mmHg (1,81 à 3,35). Cet effet est indépendant de l’intensité de l’exercice. Le bénéfice est démontré à tout âge. Pour être bénéfique, l’activité sportive doit être fréquente (3 fois par semaine), d’intensité au moins modérée, et plutôt de type endurance. La marche sans transpiration n’est pas une activité suffisante. Le sport comme seul moyen de soigner une HTA n’a pas un effet équivalent à celui des médicaments antihypertenseurs pour prévenir le risque d’AVC chez les patients hypertendus.
e*Whelton SP, Chin A, Xin X, He J. Effect of aerobic exercise on blood pressure: a meta-analysis of randomized, controlled trials. Ann Intern Med. 2002;136:493-503.
Après les Jeux Olympiques 2024 à Paris, faisons le point sur le sport et les différents types d’activité sportive dans notre vie. La rentrée est toujours la période où l’on débute une nouvelle activité physique mais pour combien de temps, quelques mois ou plus longtemps ? Bien que l’on sache qu’avoir une activité sportive par rapport à d’autres types d’activité physique comme la marche, les déplacements ou jeux est un prédicteur élevé de nos activités futures. Beaucoup de questions subsistent, les bénéfices du sport sur la santé dépendent-ils du type de sport pratiqué et est-il important de savoir si nous continuerons lorsque nous serons âgés ?
L’objectif de cette étude est de savoir, dans la population masculine, si le sport et lesquels, débutés à la quarantaine, seront poursuivis lorsque nous vieillirons.
La « British Regional Heart Study » (BRHS) est une étude prospective de cohorte de 7735 hommes âgés de 40-59 ans recrutés par des médecins généralistes dans 24 villes de Grande Bretagne, débutée en 1978-80 avec un suivi de 20 ans. Un bilan a été fait au début et fin d’étude.
L’activité physique et le sport sont évalués par auto-questionnaire incluant le temps de marche et de participation à des activités récréatives (jardinage, chorale..) ou sportives et leur périodicité. Pour chaque activité, un score est établi selon la fréquence et l’intensité de chaque activité physique, donnant un index d’activité physique avec 6 catégories : inactif, occasionnel… modéré et énergique.
Les caractéristiques des 3384 hommes (données complètes) dont l’âge moyen est de 48.8 ans en début d’étude à 68.7 ans à la fin, montre qu’en début d’étude les 2/3 ont une activité sportive, fréquente pour près d’1/3, et que ces données restent stables sur les 20 ans de suivi. Cette stabilité est expliquée par le nombre identique de 15% de personnes débutant ou arrêtant une activité sportive.
Il est intéressant de regarder l’évolution des pratiques sportives sur 20 ans et de faire la comparaison entre les hommes de 40 ans et les plus âgés. En Grande-Bretagne, avec un taux de 12% qui reste stable pendant toute l’étude, le golf est le sport le plus pratiqué, alors que le tennis/raquettes, 2e sport, montre une forte diminution de 9.3% à 2.2% sur les 20 ans de l’étude. La pratique de sports comme le vélo, football, rugby, course/jogging, cricket diminue avec le temps, alors que la natation, la danse, l’aérobic/fitness, gymnastique augmente. La pétanque, la marche et la natation sont les sports qui ont le plus grand nombre de nouveaux adeptes.
On constate des différences socio-professionnelles dans la pratique des sports, comme par exemple le golf et la natation pour les plus aisés, par contre la pétanque, la danse et le vélo sont pratiqués par tous.
La probabilité de faire du sport et rester actif lorsque l’on devient âgé dépend du type d’activité sportive à la quarantaine. Ainsi, pratiquer le golf et la pétanque à la quarantaine est un fort prédicteur d’activité sportive lorsque l’on vieillit, et pratiquer plusieurs activités sportives est encore plus important que la pratique d’un seul sport.
En conclusion, cette étude montre que dans la population masculine anglaise, l’activité sportive reste stable de la quarantaine à la vieillesse, dépendant du type d’activité. Certains sports pratiqués à la quarantaine favorisent un style de vie actif lorsque nous vieillissons. Encourager la participation à différentes activités sportives peut être optimal pour continuer le sport toute sa vie.
Commentaires : cette photo sur l’activité sportive tout au long de sa vie montre qu’avec l’âge on privilégie les sports moins intensifs ou moins à risques de blessures comme le tennis/raquettes par rapport à la natation. D’autre part, en France, une telle étude ne positionnerait pas le golf en première position !
Pour la pratique : faisons du sport le plus tôt possible pour rester dynamique et sportif à la retraite.
Pour en savoir plus, lisez l’article en anglais disponible dans sa version complète : MAggio D et al. Tracking of sport and exercise types from midlife to old age : a 20-year cohort study of British men. Eur Rev Aging Phys Act. 2018 Dec 7;15:16. doi: 10.1186/s11556-018-0205-y. eCollection 2018.
Il faut savoir que si le bénéfice sur la baisse de la pression artérielle reste modeste, le sport est favorable pour lutter contre la survenue des maladies cardiovasculaires. Il est donc conseillé chez les hypertendus en complément du suivi d’un traitement antihypertenseur lorsque les chiffres de la tension sont redevenus normaux après la mise en route des traitements conventionnels.
L’exercice physique, et on va dire d’une façon générale l’activité physique ou le sport, sont toujours mis en avant comme un moyen pour diminuer la pression artérielle, certains disent même pour éviter d’être hypertendu. Il y a derrière cette déclaration beaucoup d’espoir et souvent des résultats qui sont assez modestes.
Oui, avoir une activité physique en endurance : au moins 20 minutes d’une activité qui fait transpirer au bout de dix minutes et de pouvoir renouveler cette activité plusieurs fois par semaine… parce que l’activité physique, malheureusement, on n’en garde pas le bénéfice bien longtemps.
On dit classiquement que l’activité sportive a « la mémoire d’un poisson rouge » : c’est-à-dire qu’au bout de trois jours les muscles ont perdu la mémoire de leurs entraînements, c’est pour ça qu’il faut s’entraîner de façon très régulière pour garder le bénéfice sur la santé de la pratique d’un sport. Les bénéfices sont de quelques millimètres de mercure dans toutes les études qui ont été faites.
Alors oui il y a un bénéfice mais quand on compare ce bénéfice aux bénéfices d’un traitement médicamenteux : le bénéfice d’un traitement médicamenteux c’est plusieurs dizaines de millimètres de mercure, deux médicaments, 20 millimètres de mercure. Donc ce qui est certain, c’est qu’il faut proposer aux gens de lutter contre leur sédentarité et de favoriser leur activité physique mais un hypertendu c’est souvent un sujet âgé de plus de 60 ans et les activités qu’on peut faire après 60 ans sont assez limitées en terme d’intensité, de ce fait leurs bénéfices pour la baisse de la pression artérielle restent extrêmement modestes.
Depuis des décennies le message «manger moins salé» est largement diffusé et connu du grand public. La raison de ce message répétée par tous les media est le bénéfice pour les patients hypertendus de voir diminuer leur pression artérielle lorsque la consommation de chlorure de sodium (le sel de cuisine) est diminuée. De nombreuses études ont en effet démontré qu’une diminution de 5 g par jour de la consommation de chlorure de sodium pouvait s’accompagner, chez 40% des patients hypertendus, d’une baisse de la tension. Les données de six études prospectives de cohortes d’adultes vivant aux USA2, initialement en bonne santé, afin d’évaluer le rôle du rapport sodium/potassium sur la survenue d’une complication cardio-vasculaire montre que pour chaque augmentation du sodium de 1 g (2,5 g de chlorure de sodium) il est observé une augmentation de 18 % du risque de survenue d’une complication cardiovasculaire. De plus, pour chaque augmentation de potassium de 1 g il est observé une diminution de 18 % du risque de complication cardiovasculaire.
Le chapitre Augmentation of dietary potassium intake des recommandations ESH 2023 apporte les informations suivantes :
Le potassium a un effet bénéfique sur la pression artérielle. Il a été observé scientifiquement que la substitution de sodium par du potassium s’accompagnait d’une diminution de la pression artérielle et du nombre d’AVC.
En conséquence, l’OMS recommande une consommation de potassium d’au moins 3 g et demi par jour chez l’homme et d’au moins 2 g et demi par jour chez la femme.
Les sources naturelles de potassium se trouvent dans :
Le fruit le plus connu comme apportant du potassium est la banane, mais le champion est en fait l’abricot sec avec près de 1 g de potassium pour 100 g de fruit. La banane est la plus populaire mais en réalité la quantité de potassium apportée n’est que de 0,5 g pour 100 g de fruit. Moins connu est l’avocat qui, en réalité, contient deux fois plus de potassium qu’une banane.
Pour les légumes, le contenu est variable selon le légume et selon la préparation culinaire réalisée. Il est dit que c’est la peau de la pomme de terre qui apporte le potassium et que la cuisson à l’eau fait diminuer le contenu en potassium. Pour la tomate, c’est au contraire la chair qui contient le potassium et en conséquence des quantités élevées de potassium sont notées dans les sauces tomates.
Concernant le rapport sodium/potassium, un rapport supérieur à 3,4 s’accompagne d’une augmentation de 62 % des complications cardiovasculaires.
Ainsi, selon ces études, il est recommandé de consommer au moins 4 fois plus de potassium que de sodium pour obtenir un bénéfice optimal. Il est important de noter que le potassium provenant des aliments est plus efficace que celui apporté par des comprimés.
Ainsi les données actuelles confirment que les effets cardio-vasculaires défavorables d’une consommation excessive de sel peuvent être moins importants si la consommation de potassium d’origine alimentaire augmente.
Les études scientifiques on montré que 80% de la baisse de la pression artérielle était observée après seulement 1 semaine d’un régime pauvre en chlorure de sodium (sel de table) et riche en potassium.
Malheureusement il existe de grandes inégalités dans l’efficacité de cette méthode naturelle car seulement 40% des sujets sont « sensibles au sel » c’est à dire vont diminuer leur tension après savoir modifié leur consommation de sel et de potassium. Les études menées aux USA ont montré que la « sensibilité au sel » était plus fréquente chez les femmes âgées de plus de 60 ans à la peau noire et était moins fréquent chez les hommes de moins de 60 ans à la peau blanche.
Mais prenons garde aussi de ne pas diffuser des messages qui seront mal compris par les patients car le risque d’hyperkaliémie n’est pas nul, en particulier chez les sujets ayant une insuffisance rénale ou chez tous ceux qui prennent des médicaments antihypertenseurs ayant une action sur l’élimination du potassium par les reins (les sartans, les IEC, la spironolactone, l’amiloride).
Je ne conseille pas à mes patients la consommation de « sels de régime. En effet, ce sont le plus souvent des sels de potassium et il le risque d’hyperkaliémie est élevé en particulier chez les sujets de 60 ans et plus traités par un ou plusieurs médicaments bloquants le SRAA.
Le mot régime est très souvent cité par les médecins lorsque l’on parle du traitement d’une hypertension artérielle.
Pour le patient, régime est synonyme de restriction alimentaire avec l’objectif de perdre du poids.
Pour le médecin spécialiste de l’hypertension, le régime doit être le moyen d’obtenir une baisse des chiffres de la tension dont la conséquence est l’amélioration du risque cardiovasculaire qui se traduit par l’absence d’apparition d’une complication cardiovasculaire (Accident Vasculaire Cérébral, maladie cardiaque, maladie rénale, décès prématuré). La perte de poids sera prioritaire surtout si l’hypertension s’accompagne d’un diabète car dans ce cas il est possible de soigner en même temps les deux maladies.
Il existe un régime, mais on devrait plutôt parler de conseils nutritionnels, ayant montré qu’il pouvait s’accompagner d’une baisse de la pression artérielle et de la mortalité cardiovasculaire : il s’agit du suivi d’une alimentation DASH. La signification de cet acronyme inventé par des médecins américains est Approche Diététique pour Stopper l’Hypertension. Cette méthode se distingue des régimes habituels par le fait qu’il n’y a pas d’exclusion alimentaire mais qu’il est recommandé d’augmenter les aliments qui sont naturellement riches en potassium (fruits, légumes, graines) et de diminuer les aliments qui contiennent du sodium contenu naturellement ou ajouté lors des processus de transformation ou de conservation des aliments (pain, fromage, charcuterie). La surprise pour les patients est qu’avec le suivi d’une alimentation DASH, il n’est observé qu’une baisse modérée du poids (moins de 3 kg), alors que l’on peut noter une normalisation des chiffres de la tension chez des sujets ayant initialement une légère élévation des chiffres de tension (moins de 160 pour la tension SYS). Malheureusement, une alimentation DASH n’obtient pas un effet chez tous les sujets mais certains profils ont plus de probabilité d’obtenir une baisse des chiffres de la tension. Selon les études réalisées aux USA, ce sont les femmes afro-américaines ayant la tension SYS la plus proche de 160 avant de débuter le DASH qui baissent le plus leur tension alors que les hommes à la peau blanche sont ceux chez lesquels les effets du DASH sont plus incertains. Le deuxième intérêt de l’alimentation DASH est que la baisse de la tension survient rapidement (dès la fin de la première semaine) et qu’elle est maximum après seulement 2 semaines de suivi. Ainsi le patient et le médecin peuvent rapidement juger de l’effet de ce « régime ». Mon conseil est donc qu’il ne faudrait plus parler de régime chez l’hypertendu, en particulier il faudrait bannir le terme de « régime sans sel » ou de « régime qui fait maigrir » pour la grande majorité des patients hypertendus. En revanche, il est nécessaire de conseiller des modifications dans la qualité et la quantité de certains aliments sans avoir comme objectif de perdre du poids. Ces changements, s’ils sont évalués comme efficaces, permettront d’éviter d’avoir à prendre tous les jours un médicament antihypertenseur
Pour aller plus loin :
Pour savoir si l’on consomme du sel de façon excessive
Ce texte est issu de l’interview du Pr Xavier Girerd dans la revue Nutritions & Endocrinologie :
L’OMS recommande de limiter la consommation de sel à 5 g/jour, mais vous semblez remettre cela en cause. Pourquoi ?
L’OMS a émis des recommandations, en 2008, avec la fixation de ce seuil à 5 grammes de sel par jour, en consommation quotidienne pour la population de sujets « bien portants ». Or, elle n’a pas pu tenir compte, de données récentes issues d’une très grande étude entreprise par des médecins épidémiologistes : l’étude PURE (1) coordonnée par le Pr Salim Yusuf (« Étude PURE (1/2) »). Cette étude publiée en août 2014 dans la grande revue médicale « New England Journal of Medicine », est venue confirmer les résultats d’autres études qui avaient été menées sur des populations moins importantes en nombre, en particulier en Europe. Ces études confirment que les individus qui consomment les quantités les plus importantes de sel ont la mortalité la plus élevée, mais aussi que les individus « bien portants » qui consomment une faible quantité de sel, ont aussi une mortalité élevée ! Finalement, l’étude PURE permet d’établir que l’optimum de la consommation de sel était plutôt entre 8 et 10 grammes par jour et non pas entre 3 et 5 grammes journaliers, comme le recommande l’OMS depuis 2008. L’étude PURE, qui confirme un résultat déjà observé justifie la phrase, « Il est faux de dire que le manque de sel est toujours sans danger pour la santé ».
Que va faire l’OMS suite à la publication de ces résultats, selon vous ?
Les résultats de l’étude PURE font, depuis leur publication, l’objet de contestation de la part des partisans du « manger sans sel » qui disent : « il faut suivre les recommandations de l’OMS ». Mon avis est que lorsque les experts de l’OMS auront pris le temps de se réunir et d’analyser avec objectivité ces études récentes, les messages concernant le seuil optimal à conseiller chez les sujets bien portants seront modifiés vers un seuil plus élevé. En revanche, le message relatif aux effets défavorables d’une consommation excessive persistera, car les études récentes confirment bien qu’au delà de 12 grammes de sel par jour, le risque de survenue de maladies cardiovasculaires augmente indiscutablement. Ce message de santé publique doit être associé à celui d’une limitation de la consommation d’aliments qui contiennent du « sel caché ». En effet, c’est le sel apporté par les aliments qui apportent le plus de sodium dans l’alimentation : le sel rajouté de façon volontaire ne dépasse pas 10% des apports sodés quotidiens. Les 90% restants viennent des aliments. Dans l’alimentation traditionnelle Française, c’est le pain, la charcuterie, le fromage et les préparations qui contiennent ces ingrédients (sandwich, pizza, quiche) qui représentent 80% des apports sodés.
Mangeons-nous trop de sel en France ?
La consommation moyenne chez l’homme est de 8,50 grammes par jour et la consommation moyenne chez les femmes est de 7 grammes environ. Les objectifs du Programme National de Nutrition-Santé, pour la consommation
journalière de sel, sont : moins de 8 grammes chez les hommes et moins de 6,50 grammes chez les femmes. Nous sommes déjà assez proches de ces chiffres, donc en France nous ne sommes pas dans un mode de consommation excessive de sel. Peut-être est-ce grâce aux efforts et aux campagnes des institutions ont participé à la sensibilisation des biens portants à manger moins salé, moins sucré, moins gras. Puis, de gros efforts ont été faits par les industriels de l’agroalimentaire : quand ils ont pu diminuer la consommation de sel, ils l’ont fait. Il vaut mieux acheter du pain industriel que celui fabriqué par le boulanger du coin : le pain fabriqué industriellement est moins salé que le pain fait maison. Plus les procédés sont artisanaux, plus il y a de sel dans l’alimentation.
Lors des journées de l’HTA 2014, vous avez déclaré : « 19% des hypertendus sont des consommateurs excessifs de sel » ?
Tout-à-fait. Ce sont des études que nous avons réalisées au cours de l’année 2014 en évaluant de façon très précise le taux de sodium dans les urines des patients hypertendus. On a observé que 19% des personnes souffrant d’hypertension artérielle, étaient des consommateurs excessifs de sel. De plus, il y a une vraie différence entre les sexes : 25% des hommes sont des consommateurs excessifs, contre 13% des femmes. En outre, au sein des hommes, plus vous êtes jeunes, plus la proportion de consommateurs excessifs de sel est élevée. Les modes de consommation alimentaire des hommes de 18-25 ans sont : hamburgers, pizzas, aliments préparés qui contiennent beaucoup de composés riches en sel. C’est une population où se trouvent beaucoup de consommateurs excessifs de sel. En revanche, les femmes au-delà de 70 ans ne mangent pas de sel, car en général elles mangent peu. Puis, certaines personnes mangent plus de sel que d’autres. Il faut peut-être les aider à dépister cette consommation
excessive qui est très liée à des marqueurs très simples : Si vous voyez quelqu’un qui a un IMC supérieur à 30 et que c’est un homme, vous avez déjà une très forte probabilité qu’il soit un consommateur excessif de sel. La consommation de sel est un reflet de la consommation calorique. On n’est pas gros par hasard, mais parce que vous mangez des aliments riches en gras.
Que faut-il faire, selon vous ?
Il faut sensibiliser les consommateurs excessifs de sel. Pour cela, on doit voir avec eux leurs habitudes alimentaires et les points sur lesquels ils peuvent faire un effort : diminuer les quantités de pain, de fromage, de charcuterie et de certains aliments très riches en sels. J’ai mis au point, au cours de l’année 2014, un test que j’appelle ExSel-test (comité contre l’hypertension comitehta.org) avec 7 questions portant sur la fréquence de consommation d’aliments par jour, par semaine. Si on le fait avec rigueur et bon esprit, on peut voir si l’on est un consommateur excessif, donc diminuer sa consommation de sel en suivant quelques conseils simples.
Pour parler des effets sur l’hypertension de la consommation d’ail, de l’oignon, de l’avocat, du chocolat, de la patate douce, des amandes il est utile de lire la littérature concernant ce sujet. Un article récent du British Journal of Clinical Pharmacology a fait un très gros travail de recherche bibliographique pour retrouver les méta-analyses avec tous les alicaments ou tous les aliments ou tous les produits qui ont été testés, vis-à-vis de la baisse de la pression artérielle. C’est un élément très important : il n’y a pas beaucoup de preuves, voire même pas du tout, concernant les bénéfices en termes de prévention des maladies cardiovasculaires.
Tous les claims portent sur la baisse de la pression artérielle mais pas sur la diminution des événements cardiovasculaires. On a déjà un élément de quantification ou de « qualité » de la preuve scientifique et médicale qui est très différente par rapport aux médicaments de l’allopathie. Alors les gens ne veulent pas prendre de médicament certes, mais quand ils prennent un médicament :
La liste qu’on s’était fixé : ail, oignon, avocat, chocolat, patate douce, amande, c’est l’idée qu’on avait des produits qui pouvaient être mis en avant, ou plus exactement de ceux qui sont mis en avant quand on fait une recherche sur les « traitements non médicamenteux de l’hypertension artérielle » sur Internet. Dans la réalité, les essais thérapeutiques ont établi une liste différente. Ils ont démontré quelque chose pour :
Certains sont incompréhensibles pour un médecin de base formé à la cardiologie mais on va voir des aliments intéressants en termes de mécanismes d’action.
L’une des clés de l’efficacité de ces aliments c’est qu’ils peuvent avoir un petit effet inhibiteur d’enzymes de conversion, un petit effet sur ce fameux système de régulation, qui nous a fait tant rêver et qui nous a apporté tant de médicaments pharmacologiques dont l’efficacité est remarquable.
Quand on propose ce type de médication, on a dans l’idée que c’est l’équivalent d’un blocage du système rénine angio tensine ou d’un stimulateur du NO.
Quand on regarde l’efficacité aliment par aliment, c’est la déception même si ces produits ont démontré une efficacité.
Dans la méta-analyse il y a des essais négatifs et des essais très positifs, dans la majorité d’entre elles la méthode de mesure est traditionnelle, c’est-à-dire la mesure OFICE. Pour avoir un bénéfice MAPA, il faudrait diviser ces chiffres OFICE par deux, par analogie un peu grossière.
Les aliments qui marchent plutôt mieux :
Il est important de se pencher sur l’effet de l’ail. D’après une étude récente, datée de 2020, qui fait une revue et une méta-analyse d’études menées en Europe, essentiellement en Allemagne, mais aussi en Russie, aux USA et au Japon. La poudre d’ail assaisonnée de blanc d’œuf est un produit traditionnel très développé dans la cuisine japonaise et donc très évalué. On constate que le niveau tensionnel des patients était considérable, ce sont des petits groupes de patients. Les résultats ont montré 8,3 mmHg de baisse sur la systolique et 5 sur la diastolique. Il s’agit de mesures OFICE, je n’ai pas trouvé de mesures avec de la MAPA. La conclusion de cette méta-analyse qui a intégré 553 adultes avec une hypertension non contrôlée montre un bénéfice de 8 et 4 mmHg. On sait que le bénéfice en MAPA est de 4 et 2 pour les exercices en endurance.
L’analyse de l’auteur est intéressante car elle montre que ça n’a pas marché chez tout le monde : il y a des patients chez lesquels ça marche mieux, ceux qui ont un niveau de vitamine B suffisant. Il faut donc qu’il y ait de la vitamine B pour que l’ail puisse maturer et s’enrichir en substances qui contiennent du soufre. Cette partie soufrée provoque l’action de relaxation, de vasodilatation et de diminution de la baisse de la pression artérielle.
A noter : cette étude a été présentée en 2019 lors d’un Symposium international sur l’ail à Hiroshima (Japon). L’auteur dit clairement que l’étude a été menée grâce au financement d’une compagnie pharmaceutique. Il y a donc du business et le message est d’utiliser la poudre d’ail de cette compagnie.
Je souhaiterais terminer sur un nutriment très important : le sel. Ça fait 50 ans qu’on parle du sel et de la tension mais il y a en 2021 des nouveautés : un papier très intéressant, repris dans infos@tension, quantifie l’effet lorsqu’on augmente sa consommation de sel ou quand on la diminue, chez les normotendus et chez les hypertendus. Le résultat est clair quant aux effets de la consommation quotidienne de sel :
L’étude explique bien que la consommation excessive de sel a plus d’effet sur la tension qu’une diminution de la consommation de sel car il est difficile de réduire sa consommation de plus de 5g alors qu’il est facile d’avoir un excès de sel de plus de 10 g par jour. C’est pourquoi il est plus facile dans les études de démontrer +10 mmHG quand on mange du sel de façon excessive.
En conclusion, certains aliments peuvent avoir des effets bénéfiques – c’est l’ail qui est le plus avancé dans sa démonstration – mais ces effets en termes de quantité sont très modestes par rapport à une bithérapie (20 mmHg de baisse). Il y a vraiment 2 poids 2 mesures. Est-ce que les aliments sont cumulatifs les uns avec les autres ? Aucuns travaux n’ont montré une cumulation sauf ceux qui ont montré des effets en plus des effets du traitement antihypertenseur pour certains d’entre eux.
Beaucoup d’études ont montré qu’un régime riche en potassium entrainait une baisse de la pression artérielle de quelques millimètres de mercure et avait aussi des effets bénéfiques pour prendre en charge l’insuffisance cardiaque.
Le régime DASH mis au point aux USA est riche en aliments qui apportent du potassium. Il a été utilisé dans de nombreuses études et les preuves de son intérêt pour préserver la santé cardiovasculaire sont indiscutables.
Parmi les aliments riches en potassium et populaires on doit citer en premier le cacao. La rumeur indique souvent que le chocolat est riche en potassium. La vérité nutritionnelle est que ce sont les préparations les plus riches en poudre de cacao qui sont celles qui contiennent le plus de potassium.
Ainsi, pour augmenter les apports de potassium il faudra tenir compte du contenu en poudre de cacao du chocolat consommé : par exemple, un chocolat au lait est sucré et apportera peu de potassium, alors qu’un chocolat noir à plus de 70 % sera beaucoup plus favorable pour l’apport de potassium.
Il y a d’autres aliments riches en potassium. Ce sont :
Il faut aussi insister sur la relation complexe qui existe entre potassium et sodium. Du temps de l’homme de Neandertal la nourriture était riche en légumes, en fibres et en potassium et très pauvre en sel.
Aujourd’hui, le rapport sodium/potassium s’est inversé : on mange plus de de sodium (sel) que de potassium. Il a été montré que c’est l’élévation du rapport sodium/potassium qui augmente le risque d’hypertension alors que c’est l’augmentation de l’apport en potassium alimentaire concomitant avec une diminution de l’apport en sodium qui fait diminuer le rapport sodium/potassium et cela s’accompagne d’une baisse des chiffres de la tension !
La surconsommation de chlorure de sodium (sel de cuisine) est mauvaise pour la santé cardio-vasculaire.
Toutefois, un régime diminué en sel est bénéfique chez certains sujets mais pas chez tout le monde.
En revanche, un régime riche en potassium d’origine alimentaire est bon pour tous les sujets en bonne santé.
La supplémentation de potassium par comprimé peut être utile chez des patients qui souffrent de baisse de potassium du fait de la prescription d’un traitement par diurétique ou par corticoïde ou chez ceux ayant une perte digestive de potassium (par diarrhées ou vomissements).
En revanche, la supplémentation systématique de potassium peut exposer à un risque d’hyperkaliémie (élévation sanguine importante de potassium pouvant provoquer de graves troubles cardiaques) en particulier chez les patients avec une maladie rénale ou chez ceux prenant des médicaments par IEC par sartans ou par spironolactone.
Le suivi d’un régime riche en potassium doit donc être surveillé chez ces patients à risque.
Article paru dans Réalités Cardiologiques – n° 395 Novembre 2024 – L’année cardiologique
Xavier Girerd : Je voudrais dire un mot de la publication en juin 2024 dans The Lancet de l’évaluation du risque par l’utilisation de l’IA. Cette publication des résultats du suivi de la cohorte Oxford Risk Factors And Noninvasive imaging (ORFAN) constitue, de mon point de vue, l’article de recherche le plus important de l’année 2024. Cette étude de cohorte longitudinale multicentrique a porté sur 40 091 patients consécutifs ayant réalisé un coroscanner, cliniquement indiqué par des médecins hospitaliers britanniques. 81 % des sujets n’avaient pas de sténose coronaire significative mais 66 % des événements coronaires et 64 % des morts d’origine cardiaque sont sur- venus chez ces patients. Pour prédire la survenue de ces événements, il a été comparé l’usage d’un calculateur de risque traditionnel (QRISK3) de la classification CAD-RADS 2.0 et de l’indice d’atténuation de la graisse périvasculaire (FAI). La grande nouveauté de ce travail a été la mise au point d’un algorithme de prédiction du risque cardiaque amélioré par l’IA, qui intègre le score FAI en plus des mesures de la plaque coronaire et des facteurs de risque cliniques. Le principal résultat de l’étude est de démontrer que le AI-Risk est positivement associé à la mortalité cardiaque et aux événements coronaires, en particulier chez les patients sans sténose coronaire significative sur le coroscanner.
Il s’ouvre donc une aire nouvelle dans la médecine de prévention qui va être celle du calcul du risque CV utilisant L’IA-Risk. Le SCORE 2 proposé par l’ESC depuis 20 ans est certainement en fin de carrière.